Jezabel nacquit un fameux cinq août à Marrakech, alors que sa mère, Bianca, étaient en congrès. C'était en effet une brillante chercheuse en bio-chimie, alors que son père, lui, était un avocat réputé. La demoiselle devint vite la petite princesse de la famille. En effet, c'était la seule fille de la tribu. Si bien que ses parents, grand-parents, oncles et tantes eurent tout d'abord du mal à croire à la naissance de la fillette. Très vite aussi, son frère et ses cousins l'entourèrent et se préoccupèrent d'elle comme si il avait été question du plus précieux trésor de l'univers. En grandissant, cela ne changea pas. Vivant à Paris avec ses parents et son frère, Jezabel -ou Jean, pour les intimes- fut élevée dans le luxe et la plus grande attention qu'on eut pu lui porter. A l'école, elle était loin d'être un cancre. Au contraire, elle faisait même partie des plus doués. Seulement, la demoiselle préférait se consacrer au cours d'arts dramatiques qu'elle prenait en dehors de l'école plutôt qu'au cours de sciences, ce qui décevait particulièrement sa chère maman. Malgré tout, cela lui permit de se voir offrir une place dans une troupe de théâtre parisienne très réputée. La jeune fille âgée seulement de quatorze ans -ce qui faisait d'elle la plus jeune de la troupe- n'hésita pas une seule seconde avant d'accepter. Enfin, elle allait réaliser son rêve ; celui de monter sur les planches. Le théâtre lui permit de rencontrer Aleksander Wolski, un polonais français de dix-sept ans, charmeur et blagueur. Ce fut le coup de foudre immédiat. Ils devinrent rapidement de proches amis, ce qui ne plaisait guère à leurs pères, rivaux depuis l'installation à Paris des Nicholson. Cela ne plut pas plus à Esteban, le frère de Jezabel. Maintes et maintes fois, les deux jeunes hommes en arrivèrent aux mains, ce qui désespérait la demoiselle. Ils étaient les deux hommes de sa vie, et ne pouvaient pas se voir en peinture. Pendant ce temps, les amoureux continuaient de vivre une histoire passionnée quoiqu'il ne s'agissait certainement pas d'un conte de fées. Entre les sautes d'humeur foudroyantes de Jezabel et la violence qu'Aleksander pouvait montrer après s'être drogué, le couple connaissait plus de bas que de hauts. Cet amour étonnant et pourtant si fort -ce n'était pas difficile à deviner- impressionnait leurs proches qui, cependant, étaient convaincus que cela ne durerait pas. Aleksander finit par donner raison à ces gens et quitta Jezabel, un beau matin, sans réelle explication. La semaine suivante, on pouvait lire dans les journeaux parisiens "Frederic Nicholson, avocat australien réputé vivant en France, meurt dans un accident de voiture.". C'était tout le monde de la jeune fille qui s'écroulait, sans qu'elle ne puisse rien faire. Son père était en plein dans une affaire qui lui prenait toute son énergie depuis environ trois mois. Il était épuisé mais avait tenu à conduire lui-même jusqu'au tribunal, ce jour-là. Un moment d'inattention et sa voiture se retrouva dans le ravin. Il n'eut pas le temps de sortir avant que le véhicule ne s'enflamme. Pris au piège dans les flammes, il avait dû longtemps souffrir avant de finalement décéder. Ces images, bien qu'elles soient le pur fruit de son imagination, hantaient Jezabel jour et nuit. Les jours et les semaines passèrent puis vint finalement ce fameux après-midi où Bianca ramena l'un de ses collègues chercheurs à la maison. Ce soir-là, il mangea avec les Nicholson et resta même dormir. Esteban et Jezabel n'eurent aucun doute ; c'était l'amant de leur mère. Entre la déception et le dégoût, Jezabel ne savait se décider. Son père était mort depuis seulement trois mois et voilà que sa mère s'était déjà trouvé un autre homme. Mais cela ne s'arrêta pas là. Quelques temps plus tard, Bianca annonça à ses enfants qu'elle était enceinte de Marc, son nouveau compagnon. Des jumeaux. Ils avaient même déjà choisi leurs prénoms ; ce serait Félix et Maxine. Jezabel était perdue, ne comprenant plus ce qu'il arrivait à sa mère. Ses prestations au théâtre s'en ressentirent. Une seule personne se préoccupa de savoir si elle allait bien ; Aleksander. Une nuit, après une soirée arrosée où elle lui parla de tout ce qui avait été bouleversé depuis leur séparation, ils finirent dans le même lit. Le lendemain, leur histoire recommença. Cette fois, Aleksander lui jura qu'il ne toucherait plus à la drogue et qu'il serait le parfait petit ami. Marc, son beau-père, lui, n'était pas ce qu'on pouvait appeler le compagnon idéal. Esteban le soupçonnait d'être violent avec sa mère mais, faute de preuve, il garda cela pour lui, ne souhaitant pas faire le malheur de Bianca en l'accusant à tord. Elle était en effet déjà assez mal pour en rajouter. Elle vivait mal sa troisième grossesse. Son médecin lui conseilla d'avorter mais elle refusa catégoriquement. Elle accoucha finalement prématurément, à deux mois du terme. Les jumeaux se portaient bien. On ne pouvait dire la même chose de leur mère. Epuisée, elle passa deux semaines à l'hôpital avant de pousser son dernier soupir devant ses deux premiers enfants. Devenus orphelins, ils tentèrent de cacher leur tristesse en prenant soin de leurs nouveaux frère et soeur. Mais Jezabel ne supporta cette situation que quelques semaines. Elle reçut une lettre d'une école de droit connue à travers le monde à laquelle elle avait envoyé sa candidature des mois plus tôt, quand elle menait encore une belle vie. Elle profita de cette occasion pour quitter la France -et avec elle, son petit ami, ses frères, sa soeur et ses amis- pour l'Australie. Elle ne laissa aucune indication sur sa destination. Elle avait décidé de recommencer tout à zéro. Lorsqu'elle arriva à Sydney, elle entendit parler à la radio d'un hôtel qui organisait une sorte de programme pour tester son couple. Ils recherchaient donc des couples prêts à tester leur amour ainsi que des célibataires partants pour briser quelques belles histoires. L'hôtel étant apparement très chic et Jezabel étant prête à tout pour oublier ce qu'elle avait vécu ces derniers mois, elle posa sa candidature. Elle ne dû pas attendre très longtemps une réponse positive. Elle s'installa donc à l'hôtel N#38, prête à recommencer sa nouvelle vie. Aujourd'hui, cela fait environ un mois qu'elle est à l'hôtel et elle compte bien en profiter au maximum. Côté études, elle compte par contre se consacrer à fond au droit afin de devenir aussi brillante que son avocat de père ne l'était.

Bon, je vous vois déjà venir. Je vous imagine déjà dire que Jezabel, c'est ce genre de petite peste trop gâtée par la vie, qui a toujours eut ce qu'elle voulait et qui, à cause de ça, a finit par devenir une véritable garce. Je dois admettre que vous n'auriez pas entièrement faux. Jusqu'à l'âge de quinze ans, elle eut en effet tout ce qu'elle voulait. Et pour cause, ses parents étaient riches et n'avaient que deux enfants. Ils avaient donc tout le loisir d'offrir à leur progéniture tout ce qu'elle désirait. Oui, jusqu'à l'âge de quinze ans, Jezabel était une vraie peste, imbue de sa personne et méprisant l'autorité, quelle qu'elle soit. Elle était arrogante, égocentrique et moqueuse. Et, pour lui faire confiance, il fallait avoir du courage. Mais c'était avant. Avant que son fabuleux père ne décède, que sa mère le remplace par un homme violent qui l'a mit enceinte et n'éprouva aucun remord lorsque cette grossesse la tua. Pendant ces mois sombres, Jezabel comprit une chose. La vie n'était finalement pas si belle qu'elle l'avait cru jusqu'alors et on ne pouvait pas toujours avoir ce que l'on voulait.

Jezabel cache désormais ses faiblesses sous une carapace froide et insensible. Elle se montre manipulatrice et joue parfaitement la comédie -merci aux cours d'arts dramatiques- mais elle n'est pas si forte qu'elle paraît. Elle dit toujours ce qu'elle pense, sauf lorsqu'elle veut paraître moins affectée qu'elle ne l'est vraiment par certaines choses. Sa capacité à créer des liens avec d'autres personnes est étonnante mais elle fait très difficilement confiance aux gens. Elle est particulièrement imprévisible, ne réagissant jamais deux fois de suite de la même façon aux mêmes choses. Sa personnalité est complexe. Si complexe qu'on pourrait parfois croire qu'elle a en fait plusieurs soeurs avec qui elle échange sa place à tour de rôle. Jezabel n'est pas une fille comme les autres. Elle est beaucoup plus que cela.