La petite Jaizlynn naquît lors d’une fin d’après-midi au soleil couchant, le vingt-deux mai mille neuf cent quatre-vingt-dix, à Washington. Sa maman, Eleonora Catherine Emerson, âgée de presque trente ans, était on ne peut plus heureuse d’avoir son dernier enfant. D’un autre côté, elle avait rapidement dû mettre en pause sa carrière d’actrice pour s’occuper de son petit bout de chou, et sa passion lui manquait tellement qu’elle avait hâte de reprendre du service. Mais pendant neuf mois, c’était elle qui avait bercé son bébé, le chérissant déjà sans même l’avoir vu auparavant et elle savait tout au fond d’elle que son foyer filerait le parfait bonheur ses prochaines années. Et ça voyez-vous, ça n’avait pas de prix. Papa Emerson, de son prénom Julien, homme politique et candidat au poste de sénateur, était très heureux lui aussi, bien qu’il savait qu’il allait maintenant être difficile de combiner leurs deux carrières en plus d’un nouveau-né, il avait au moins la certitude que ce nouvel évènement unirait sa famille à jamais. Quand aux frères Emerson, âgés respectivement de huit et douze ans, partagés entre l’indifférence et l’incertitude, étaient quelque peu mal à l’aise de ne plus être au centre des intentions de leurs parents, mais accueillir un nouveau membre dans la famille les réjouissait au plus haut point.


Vingt-deux mai deux mille cinq. Jaizlynn fêtait ses quinze ans. Pourtant, la jeune fille n’était pas d’humeur à vieillir d’une année. Car oui, ce jour-là, sa mère était en plein tournage d’un projet qui lui tenait vraiment à cœur, à Los Angeles. Son père, lui, organisait une conférence à l’étranger, car depuis qu’il avait été élu sénateur, il n’avait plus autant de temps à consacrer à sa famille, tandis que ses deux frères étudiaient à l’université pour l’un, et effectuait des recherches en Alaska pour l’autre. Bien sûr, elle avait reçu des appels et des cartes de toute sa famille, mais ce n’était pas la même chose. Jaizlynn était alors restée seule avec la domestique, et elle était censée passer son anniversaire avec ses amies, bien que cette idée ne la réjouisse pas vraiment. Au lieu de cela, elle était partie réserver un billet d’avion pour Los Angeles, la destination la plus proche de Washington, puisqu’elle n’avait pas vu sa mère depuis un mois. Existait-il un meilleur cadeau d’anniversaire pour la jeune fille ? Elle espérait que sa mère aurait du temps à lui consacrer, que peut-être iraient-elles manger dans un restaurant chic, qu’elle la présenterait ensuite à son équipe de tournage ainsi qu’à quelques célébrités avec qui elle jouait, et qu’elles iraient faire du shopping, comme au bon vieux temps. Jaizlynn adorait les moments privilégiés qu’elle avait avec sa mère, et leurs journées entre filles lui manquaient terriblement. Ainsi, lorsqu’elle arriva sur le plateau, la jeune fille chercha sans relâche la caravane de sa mère, priant pour qu’elle ne soit pas ailleurs, ou même en train de travailler. Lorsqu’enfin on lui indiqua ou se trouvait Mme Emerson, Jaizlynn crut d’abord à une blague de mauvais goût. Que faisait cet homme avec elle, et encore plus important, que faisait sa langue dans la bouche de sa mère ? Cela en devenait insuportable. Pourquoi ma mère allait voir ailleurs, alors qu’elle avait chez elle toute une famille – et plus particulièrement un mari – qui l’attendait à bras ouverts ? Bien que l’actrice tenta d’expliquer maladroitement à sa jeune fille en bafouillant d’incompréhensibles excuses, Jaizlynn repartit d’où elle venait, plus furieuse que jamais. Son père était-il au courant ? Qu’en penseraient ses frères ? En rentrant à Washington, tout le monde l’attendait avec inquiétude, après que la gouvernante ait téléphoné au père de la jeune fille pour lui signaler qu’elle était partie sans prévenir – et qu’elle ne s’était pas rendue à la petite fête organisée par ses amis. Alors que la dispute approcha, les révélations éclatèrent. A la grande surprise de Jaizlynn, elle se rendit enfin compte de ce qui n’allait plus dans leur famille : ils savaient. Tous, sans exception, ils étaient au courant que leur mère et femme avait été infidèle, et qu’elle l’était toujours.


Deux ans plus tard, alors que Jaizlynn vient d’avoir dix-sept ans, sa famille ne la reconnait plus. Depuis le jour de son anniversaire, deux ans plus tôt, elle s’est complètement métamorphosée. Elle n’adresse plus la parole à ses parents qui sont en pleine procédure de divorce – on ne parle plus que de ça dans les médias –, ni à ses deux frères aînés qu’elle adorait pourtant plus que tout pour lui avoir caché une chose aussi importante. Elle ne repasse que très rarement chez elle, préférant rester chez des amis, dans des fêtes ou des bars – qui ne demandent pas de pièce d’identité de préférence –, peu importe, du moment qu’elle ne reste pas chez elle. Elle est devenue froide, distante, elle ne fait confiance à personne et elle enchaîne les relations d’un soir. On la sait devenue accro à l’héroïne, ne pouvant se passer de sa dose durant plus de vingt-quatre heures. Tous les moyens sont bons pour oublier ses problèmes. Alors qu’elle pardonne doucement à ses frères, elle s’étonne de la personne qu’elle est devenue : elle veut en finir avec tout ça. C’est grâce à eux qu’elle se fera soigner, dans un centre de désintoxication. Trois mois plus tard, alors qu’elle sort enfin de l’institut, certaine d’avoir été guérie, et qu’elle n’a plus aucun repères pour recommencer à zéro, elle déménage aussi loin que possible, et commence une nouvelle vie en Australie. A partir de là, Jaizlynn recherchera la fille qu’elle a été étant plus jeune : ouverte, bienveillante et avec des valeurs morales. Elle débutera ses études dans le cinéma, chose qui l’a toujours passionnée, reconstruisant petit à petit son identité. Mis à part ses deux frères, elle prétend n’avoir ni de famille, ni de passé, personne n’est au courant de son histoire. Elle n’a que deux seules peurs, tout d’abord celle de replonger, et ensuite, celle de se faire trahir à nouveau, chose qu’elle ne supporterait pas. Suite à toute cette tragédie, seule une personne réussira à prendre son cœur et à obtenir sa confiance : une personne nommée Elias…

Jaizlynn, c’est le jour et la nuit, une personnalité complètement et irrévocablement contradictoire. C’est une vie basée sur le mensonge, une confiance détruite pour un cœur brisée. Jaizlynn, c’est de la force et du courage, pour toujours se sortir des situations les plus effrayantes et les plus angoissantes, et c’est aussi de l’optimisme pour remonter la pente et se dire que la vie n’est pas finie…

Jaizlynn s’est endurcie. Elle n’accorde plus sa confiance au premier venu. Elle est devenue très méfiante, distante, et elle ne s’accroche pas tout de suite aux gens, préférant rester constamment sur le qui-vive plutôt que de souffrir à nouveau. Lorsqu’elle parvient enfin à s’ouvrir aux autres, c’est pour être sûre que jamais elle ne sera déçue et qu’elle peut avoir confiance. On pourrait penser qu’elle n’adresse la parole qu’à ses proches, rejetant sans cesse les nouveaux venus… Eh bien ce n’est pas le cas. A la fois amicale et bienveillante, elle aime prendre soin des autres, être là pour ceux qu’elle aime et pour ceux qui en ont besoin. C’est comme vital pour elle, être là pour les autres. Privilégiant sans arrêt le bonheur des autres avant le sien, on lui répète souvent qu’elle devrait parfois être un peu plus égoïste, et penser un peu à elle, relâcher la pression pendant un instant. Que voulez-vous, on ne peut pas changer qui on est ! Bavarde et capricieuse, son entourage a parfois du mal à la supporter. Et c’est parfois pire encore, lorsqu’elle se met à changer d’humeur comme de chemise. Elle est capable de passer du rire aux larmes en un clin d’œil, tout comme il est possible qu’un jour vous soyez sa meilleure amie, et qu’elle vous ignore totalement le lendemain. Elle ne le fait pas pour faire exprès, ni pas simple hypocrisie, et il faut encore moins le prendre personnellement, c’est seulement parce qu’elle est comme ça. Jaizlynn, c’est ça, indécise au possible. Jamais sûre d’elle, de ce qu’elle veut faire, il faut toujours décider pour elle. Faut-il comprendre par là que Jaizlynn et la confiance, ne sont pas copines ? Oui, c’est exactement, la jeune femme manque cruellement de confiance en elle. Pourtant, dans certaines situations, elle sait très bien garder son sang-froid et sait prendre les bonnes décisions ! Seulement dans certaines situations uniquement, car il arrive qu’elle devienne incontrôlable et qu’elle rentre dans une rage folle, souvent pour un rien. En étant impulsive, elle fonce la plupart du temps tête baissée sans réfléchir à la situation, sans même penser aux conséquences. Pourtant, bien qu’elle ne sache parfois pas quelle est la bonne décision pour elle, on connaît Jaizlynn pour être têtue comme une mule. Lorsqu’elle a une idée dans la tête, c’est bien simple, il est impossible de la corrompre ou de la persuader qu’il s’agit du mauvais choix ! La jeune femme est imprévisible, entre ses sautes d’humeur incessante, sa jalousie maladive, son caractère de cochon, il est tout simplement impossible de savoir comment elle va réagir. En plus de cela, vous noterez qu’elle est extrêmement rancunière et qu’elle peut vous en vouloir pour un rien. Elle laisse penser à tout le monde qu’elle peut se montrer forte et courageuse, mais au fond, Jaiz’ est extrêmement sensible et bien qu’elle soit dotée d’un orgueil maladif et presque interdit, elle ne se laissera aller à se faire humilier et à se montrer vulnérable en public (déjà que c’est pas facile en privé…). Oui, la plupart du temps, elle préfère refouler ses sentiments au plus profond d’elle jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus, et qu’elle explose de colère. Voilà qui est Jaizlynn. Qui tente d’être arrogante et indépendante alors qu’elle est brisée de toutes parts.