Encore aujourd’hui, Kaeleen se rappelle comment sa nourrice lui contait sa naissance. Elle lui soufflait doucement, en la mettant au lit, bordant avec attention ses draps : « Ce jour là, il faisait plutôt beau, le ciel était parsemé de nuages d’un blanc immaculé… A vrai dire, rien n’aurait pu annoncer que vous viendriez au monde ce matin là : votre mère ne s’est jamais arrêtée de courir, toujours stressée, nerveuse, et elle l’était encore davantage ce 30 mai. Elle organisait une importante réunion, je ne saurais vous dire à quel sujet, je n’ai pas les connaissances suffisantes… mais tout cela lui tenait à cœur ! » Anna se penchait alors vers le visage de l’enfant, riant sous cape et soufflait, malicieuse : « Vous auriez du voir son expression lorsque les premières contractions se sont présentées ! Elle n’a pas voulu aller à l’hôpital, butée comme elle est ! Et il a fallu que madame perde les eaux pour enfin se décider à laisser un médecin l’approcher. »

À partir de ce moment là, l’histoire devenait des plus banales : un accouchement douloureux, long, épuisant…

Lorsqu’enfin la belle brune avait décidé de extirper du cocon que représentait pour elle le ventre de sa mère, elle s’était mise à hurler à plein poumons, montrant déjà au monde son caractère bien trempé. Ses deux parents l’avaient appelée Charlotte, en honneur à sa grand-mère paternelle, puis avait opté pour un second prénom plus original, sorti de leurs imaginations combinées, ce qui ne devait pas donner grand-chose.

Et voilà donc que naissait Charlotte Kaeleen Montgomery, qui se ferait bien vite surnommée Chuck, envoyant valser les conventions d’une famille vieillotte.

Madame Montgomery, anciennement Silvers, avait toujours été une jeune femme très sérieuse. Comptable par héritage, la belle avait une famille ou les valeurs étaient primordiales, la sévérité était appliquée comme normale : à table les enfants ne parlaient pas et se devaient d’être les meilleurs en cours, l’affection ne se montrait pas, on restait sans émotion… Et tout paraissait normal, comme dans toutes familles fermées d’Angleterre. Dès ses 18 ans, la brune fut fiancée à un jeune homme de bonne famille, un anglais aux revenus déjà conséquents. Il s’appelait Christian Montgomery et avait, pour le prestige certainement, étudié la médecine de longues années avant de se spécialiser dans la chirurgie esthétique. Corrigé les défauts de ses clients étaient son métier, et il en vivait comme un roi… Il avait plusieurs années de plus de la jeune Heather Silvers, et ils ne s’aimaient pas réellement, mais tout deux voyaient en l’autre un parti parfait pour une future famille parfaite.

Pourtant, tout ne se passa pas comme ils l’avaient prévu... En effet, ils eurent deux enfants, dont un fils qui entraina bien vite sa sœur dans le déni de leurs parents, dans l’affrontement, lui apprenant à répondre avec cynisme tout en restant polie, à teinter ses phrases d’ironie et de dégout à peine masqués.

Oh… Détrompez-vous, Kaeleen n’a pas eu une vie difficile. Elle avait ce qu’elle désirait d’un simple claquement de doigt, vivait dans l’opulence, la luxure,… Et, bien qu’elle n’ait aucun contact avec ses deux parents toujours absents, la belle avait son frère et sa nourrice à ses côtés chaque jour. De plus, tout lui souriait : ses gênes l’avaient dotée d’un physique attractif et son statut de « fille de » lui ouvrait bien des portes.

Se fut à l’âge de 15 ans que la belle commença réellement à se rebeller. En effet, elle aimait les arts : après avoir étudier le théâtre, la danse, la musique, elle s’était mise au dessin et à la peinture, domaine pour lequel elle avait pris gout. Aussi avait-elle affronté ses parents, leur proclamant son désir de faire ses études dans une école d’arts… La réponse fut rapide, sèche, sévère : jamais ! Oh, non. Jamais les Montgomery ne laisseraient leur descendance étudier un domaine de mendiants, d’illuminés sans éducation ! Certes ils avaient des œuvres de grands peintres dans chacune des pièces de leur immense maison, mais jamais ils ne respecteraient des « artistes » sans le sous !

Pourtant, la décision de Chuck était prise, elle commença à fréquenter des artistes, des innovateurs, délaissant les « pom-pom girls », les filles de bonnes familles,… Et cela ne plut pas à ses parents. Bien vite, elle se retrouva enfermée chez elle, à étudier avec des précepteurs, destinées à être avocate, médecin, ou mieux : comptable ! Imaginer bien que la belle n’a pas eu l’occasion d’affronter ses parents. Non ! Elle ne pouvait pas… Enfin, elle essaya, bien sur, mais après avoir reçu une gifle retentissante de son père, la jeune fille se recroquevilla peu à peu… elle s’isola du monde pour étudier selon les désirs de ses géniteurs, jusqu’à être secouée par son frère, majeur à l’époque. Il lui avait dit qu’il partait pour l’Australie, qu’il ne reviendrait pas, et qu’une fois qu’elle serait majeure il l’accueillerait là bas…

Il lui fallut attendre trois années à attendre avant de pouvoir partir, de tout laisser derrière elle, trois années où elle ne cessa ses remarques acerbes, n’adressant plus un mot neutre à ses « parents ». Elle ne prit pas grand-chose avec elle à son départ : son chevalet, ses pinceaux et peintures, des vêtements, les économies qu’elle avait récolté pendant toute son enfance… et c’était tout.

Kaeleen avait pris l’avion le jour suivant sa remise de diplôme et atterrit en Australie pleine d’espoir, de bonheur,… Mais son frère n’était plus le même, le jeune homme bien dans sa peau avait disparu, laissant à sa place un homme, adulte, rongé par la drogue, la misère : il n’avait rien ! Un loft minuscule, sordide, plein de moisissures… Il avait arrêté ses études, avait dépéri pendant les années qu’il avait passé en Australie.

Non, Chuck ne reconnaissait pas ce frère qu’elle avait connu. Mais cela ne l’empêcha pas de rester avec lui, de l’aider à s’en sortir, et elle avait réussi : la belle avait trouvé un petit boulot, entamé des cours du soir en communication, et réussi à louer un petit appartement une chambre, dans laquelle elle s’était installée avec son frère. Peu à peu, elle avait changé elle aussi, beaucoup plus délurée, séductrice, changeant de caractère, enchainant les rencontres, mais gardant toujours ce côté adorable, mais aussi la partie « garçon manqué » de sa personnalité.

Son frère finit par décrocher, réussissant à arrêter la drogue, dur tout du moins… Cela dura quatre années où ils vécurent leur vie avec passion, y mordant à pleine dent, n’hésitant pas à faire des folies. David avait trouvé un travail et, au bout de trois ans d’histoires courtes et sans lendemain, Kaeleen trouva un petit ami : celui qu’elle pensait être « le bon ».


Cependant, tout ce bonheur accumulé devait énervé les Dieux, car les deux évènements qui déterminèrent la suite de la vie de la belle arrivèrent en même temps, ou presque. En effet, après presque un an de vie de couple, le petit ami de Chuck montra son vrai visage : celui d’un homme violent, paranoïaque et jaloux. Bientôt, elle ne put plus voir ses amis, sortir, et il finit par la battre violemment… Ainsi, elle ne vit plus son frère pendant deux mois, jusqu’à ce qu’elle ait le courage de s’en aller, de cesser cette relation destructrice, nocive. Mais son frère, lui aussi avait été touché par l’absence de sa sœur : les vices ne s’en vont jamais, au contraire, ils n’attendent qu’une chose : un instant d’inattention pour revenir au galop.

David avait replongé, plus fort encore que lorsqu’elle l’avait trouvé, quatre ans plus tôt. Recommença donc la lutte, la belle laissa tomber ses études pour travailler davantage et payer une cure à son frère. Jusqu’à ce qu’il aille trop loin : overdose, mort.

Kaeleen ne s’en remit jamais… Pour elle, s’était une partie heureuse de son enfance qui se voyait emplie de souvenir terrible, du visage émacié de son frère, de son teint blafard… Sa personnalité se fit plus froide, plus refermée, la belle arrêta de faire confiance aux autres aussi facilement : l’attachement signifiant la possibilité de la perte… Ainsi, elle se fait des amis, rit avec eux, joue au foot avec les garçons, fait du shopping avec les filles, mais personne ne sait pas son frère et elle ne le dira qu’à ceux qu’elle aime, avec précaution, de peur de perdre un proche une fois encore.
Il ne faut pas se fier à son apparence, à son caractère visible… parce que tout est à l’intérieur, enfoui…

Kaeleen est une jeune fille au physique plutôt avantageux. D’ailleurs elle en profite amplement lorsqu’elle sort, arrivant toujours à s’habiller de façons classe, sans paraître trop, et en faisant ressortir ses atouts. Grande et élancée, elle possède néanmoins des formes galbées et une poitrine rebondie. Loin d’être anorexique, au contraire, elle ne cache pas qu’elle a des formes… Quant à son visage aux traits fins il se compose d’un petit nez, de grands yeux bleus tirant vers le gris, parfois vers le vert plus foncé, et d’une bouche aux lèvres pulpeuses et naturellement foncées.

Possédant de longs cheveux bruns ondulés élégamment, elle se plait à les laisser pendre, bien qu’il ne soit pas rare qu’elle les attache en une queue de cheval défaite…

Pour ce qui est de son caractère, Kae’ est quelqu’un de très nuancé. En effet, elle peut jouer au foot, se salir, mais aussi passer des après midi entre « amies », en tout les cas elle est toujours très souriante. Mais ce n’est que la face cachée de l’iceberg.

En effet, très émotive, la belle agit toujours impulsivement, par instinct, c'est une vraie pile électrique, elle rit sans cesse, dynamique et sociable. Mais elle n'en reste pas moins mystérieuse et piquante : elle aime provoquer les choses et les autres, ce qui l'entraine souvent dans des situations compliquées !

Elle peut tout faire pour se protéger, ayant peur d'être blessée, abandonnée... d'ailleurs, elle oscille entre confiance abusive en elle même et manque de confiance, un jour l'un un jour l'autre... une véritable girouette ! Mais ne la provoquez surtout pas, vous risqueriez de le regretter, en effet, elle n'hésite pas à mordre et se battre griffes et ongles lorsque l'on s'en prend à elle où à ses rares proches !

De plus, la belle est également séductrice, elle se plait à séduire, à jouer, à fleurter sans vraiment penser à plus... Elle ne fait parfois que titiller les hommes. D'ailleurs, elle joue au chat et à la souris avec certain. Ce n'est pas méchamment, c'est juste son caractère...